Retranscription de l’article

Grands Coeurs Sandrine Sananès

Sandrine Sananès fonde en 2007, l’Atelier de Charenton, un atelier d’expression par la peinture. Praticienne en éducation créatrice, elle fait peindre enfants et adultes et elle anime des formations autour de la conduite d’ateliers (méthode le Geste de peindre). Chaque année, des ateliers de peinture libre naissent en France et au-delà des océans. Dans l’avenir, elle prévoit plus d’ateliers qui partageront le geste de peindre dans les écoles, les hôpitaux et les prisons. Elle a numérisé près d’un millier de peintures réalisées dans son atelier, comme témoignage de la création spontanée.

Mon projet semblait être utopique… Son histoire a prouvé que non.

J’avais vingt ans quand j’ai commencé à exercer le métier d’assistante de directrice de casting, puis suis passée directrice. J’en ai eu la vocation à dix-sept ans. Très vite, je suis entrée dans le monde de la publicité. J’ai auditionné des mannequins et de nombreuses tops models : Carla Bruni, Linda Evangélista, Estelle Lefébure, Adriana Karembeu, Claudia Schiffer pour Chanel, Dior, Walt Disney, L’Oréal, et d’autres marques prestigieuses. Cela faisait rêver.

Puis, doucement, à force de gros castings et de longues réunions avec des créatifs et des commerciaux souvent énervés, je me suis demandée pourquoi ils se prenaient autant la tête pour un shampoing. Ce monde manquait de sincérité et de naturel. Surtout dans les bureaux des grandes entreprises. La cerise sur le gâteau a été la fois où j’ai vu un créatif écrire une note à son chef contre sa collègue, parce qu’elle n’avait pas rendu une photocopie en temps et en heure. J’avais du mal à comprendre ces conflits. Pourquoi ne pas travailler en s’accordant bien ?

J’étais intermittente du spectacle, j’avais déjà un esprit libre. J’ai décidé d’arrêter cette profession. J’avais presque trente ans. J’étais maman et je voulais un projet qui corresponde à mes nouvelles valeurs. Mes questions sur l’éducation commençaient à pointer le bout de leur nez.

Un jour, en cherchant une activité artistique pour mes deux enfants, j’ai poussé la porte d’un atelier de peinture pas comme les autres, un atelier où, grosso modo, on ne donne pas de modèle et où on ne juge pas… Où l’on vit en harmonie. Tout le contraire de l’école et tout le contraire de mon premier métier avec l’histoire de la photocopieuse. Neuf années de coaching, de recherches, et de formations pour me décider enfin. Je créerai moi aussi un atelier de peinture pas comme les autres. J’étais à l’orée de la quarantaine. Comme un bourgeon, quand votre projet est mûr, il ne demande qu’à éclore.

C’est ainsi qu’un dimanche soir où je m’ennuyais un peu (à petite dose, l’ennui est extrêmement créatif), j’ai navigué sur un site immobilier. Une seule annonce correspondait à mon critère géographique (proche de mon lieu de résidence) et à mon critère budgétaire (riquiqui).

Au pied levé, le lundi matin, je me suis rendue à Charenton-le-Pont dans le Val de Marne pour la visite du local. Je connaissais à peine cette commune et j’ignorais tout de son potentiel économique, de la concurrence, et de toutes ces choses que l’on étudie normalement pour établir un business plan. De toutes les façons, selon le conseiller d’une administration que j’avais consulté, les prévisions financières s’annonçaient mauvaises. Sauf que je marche à l’intuition. C’est plus simple. Dans la vie, on a souvent plus à gagner qu’à perdre mais, hélas ! avant d’entreprendre, on voit souvent l’aspect négatif alors que la vision positive nous aide à réussir.

J’arrive à Charenton… Déjà, la rue est belle. Ensuite, surprise, il y a une vitrine, comme une boutique. L’immeuble est élégant et ancien. La distribution des pièces est juste parfaite ! A l’instant, j’ai décidé que l’Atelier de Charenton serait là. Depuis 2007, j’y suis avec les enfants qui peignent, et des grands aussi. Ils me donnent l’énergie créatrice. Grâce à elle et parce que je suis une des premières à avoir créé un atelier de ce type avec pignon sur rue, des adultes me demandent de les aider à bâtir leur projet d’atelier.

Nous savons bien que la création est la plus magique des histoires. Quand je sais que des créatifs cherchent des idées toute la journée pour vendre des produits de toutes sortes et que les enfants peignent comme ils respirent pour se donner du bonheur, je me dis que j’ai choisi un métier qui rend, pas à pas, le monde meilleur parce qu’il est fondé sur le partage, le respect et la liberté.

Vous pouvez lire l’article sur le site Internet, Changeurs de monde, en téléchargeant ce lien: http://www.changeursdemonde.net/Sandrine-Sananes-fonde-en-2007-L

Quelques mots sur cette initiative.

Écrivons ensemble un autre genre de livres d’histoires.
Nous mettons en avant des exemples positifs et constructifs du passé et du présent,
partout et dans tous les domaines.

Nous avons besoin, plus que jamais, de sources d’inspiration modèles de vie,
de « changeurs de monde » qui nourrissent notre détermination à nous transformer nous-mêmes pour mieux transformer le monde.

Matthieu Ricard, partenaire de Changeurs de monde