Isabelle Fontaine, marraine de l’Atelier de Charenton.
Le livre d’Isabelle, « Développez votre intuition pour prendre des meilleures décisions » (Editions Leduc) résonne avec la démarche de l’Atelier de Charenton. J’ai donc contacté l’autrice, Isabelle Fontaine, pour échanger avec elle et lui proposer d’être de nos marraines.
Isabelle, si tu devais expliquer ton livre « Développez votre intuition pour prendre des meilleures décisions » à un enfant de 7 ans :
L’intuition, c’est la petite voix dans ton cœur qui te dit si quelque chose est bien pour toi ou pas. Tout le monde en a, toi, tes parents, tous les êtres humains. L’intuition c’est souvent plus facile pour les enfants que pour les adultes. Parce que ça demande d’arrêter de réfléchir. Et tu as sans doute remarqué que les grandes personnes utilisent beaucoup leur tête : elles pensent, elles raisonnent, elles cogitent… Et en grandissant, elles deviennent parfois sourdes à la petite voix de leur cœur. C’est vrai que ce n’est pas toujours facile d’écouter son intuition. On vit dans un monde où tout va très vite.
Et puis il y a des gens qui jugent : il faut être plus fort, plus intelligent, plus beau, gagner plus d’argent que les autres. Et on oublie que l’essentiel, c’est d’être soi-même, et que l’intuition peut beaucoup nous aider pour ça. Alors, tu vois, j’ai écrit ce livre en pensant à ceux qui n’arrivent plus à entendre la petite voix de leur cœur. Je leur donne des conseils pour faire confiance en son intuition, la rendre plus forte. Il y a des personnes qui sont entraîneur de football, artiste de cinéma, maire d’une grande ville, qui racontent dans mon livre pourquoi l’intuition est importante dans leur vie. Leurs paroles comptent, car souvent, l’intuition fait peur aux grandes personnes. Tu sais, j’ai un rêve : celui qu’un jour on parle d’intuition à l’école. Qu’on t’explique que les images qui te viennent dans la tête, les émotions que tu ressens, et même tes rêves, sont précieux. Ce n’est pas dangereux pour toi : au contraire, ça t’aide à prendre les bonnes décisions, pour être heureux, et même faire des découvertes. Sais-tu qu’Einstein, un génie qui avait compris de grandes choses sur le temps et la lumière, disait que l’intuition était la chose la plus importante au monde ?
Ce qui t’a motivée à devenir l’une de mes marraines ?
Dans le geste de peindre tel que tu l’enseignes à l’Atelier de Charenton, il y a une connexion évidente avec l’intuition, dans le sens d’abandonner la raison, le jugement, l’explication, bref, faire taire la tyrannie du cerveau pensant. C’est très étonnant comme approche et extrêmement précieux. Nous manquons aujourd’hui d’espace de vraie liberté, où nous pouvons être nous-mêmes, dans notre plus pure expression, retrouver cet état d’acceptation, sans jugement, sans parole superflue. Etre dans le faire, dans l’instant. C’est une démarche que je trouve essentielle et fondamentale à l’heure où notre société traverse une telle crise de sens, avec la tentation de se réfugier dans des valeurs matérialistes et consuméristes. Je trouve que la pratique de l’expression libre en peinture que tu mets en œuvre dans ton « école libre de peinture », contribue, par sa philosophie, à nous reconnecter à nous-mêmes. Et l’homme moderne, occidental en particulier, en a particulièrement besoin.
Comment s’est déroulée ta séance de peinture à l’atelier ?
… Très étonnant ! Je me suis fondue au groupe des enfants, qui m’ont un peu regardé en coin au début, et puis après ils m’ont oublié. Comme tu ne m’as donné aucune instruction, je me suis sentie un peu perdue. Et puis j’ai regardé comment faisaient les autres. Je n’avais jamais peint sur un support mural, avec de gros pinceaux, et dès le premier geste, ça m’a fait une drôle d’impression. Un simple trait horizontal, mais qui m’a interpellée parce que justement, tout d’un coup, je trouvais ça très compliqué : que faire sur cette grande feuille blanche ? Pourquoi ? Avec quelle couleur ? Quel geste ? Quel sens ? Quelle intention ? J’ai réalisé à quel point ce lâcher prise auquel invite la libre expression de la peinture est complexe à atteindre, y compris pour moi qui pratique le yoga et la méditation.
Et j’ai compris à ce moment là que l’on touchait à des choses enfouies loin, une joie, une légèreté, une ouverture de l’enfance. Mais qu’il fallait aussi certainement beaucoup de séances comme celles-là pour parvenir à cet état, libre de peindre, de créer, dégagé de tout jugement, y compris et surtout le sien.
Que penses-tu de l’apport de ma méthode pour un enfant ? Et pour un adulte ?
Pour les enfants, j’ai l’impression que ça peut aider à construire et consolider leur confiance en eux. Ils sont dans un cadre de respect inconditionnel où ils ne sont pas évalués, jugés sur ce qu’ils font. Et ce, contrairement à l’école et à la vie en société général où la compétition est le modèle de référence. Je crois aussi que ça peut peut-être convenir à des enfants agités, qui ont du mal à se centrer. Comme ils sont libres de fixer eux-mêmes leur propre objectif, en se mettant à l’écoute de leur propre envie, ils se sentent certainement plus impliqués. Leur attention est alors naturellement sollicitée. Pour les adultes, chacun peut ressentir des effets bénéfiques différents. Peut-être retrouver le goût de peindre pour ceux qui l’ont perdu. Et puis surtout retrouver le contact avec une part de l’enfance, avec cette joie, cette spontanéité, cette simplicité qui en découlent… De là, c’est avec toute son intériorité qu’on se remet en contact, son intuition.
Un souvenir de toi, petite fille qui peint ou dessine ?
C’est plutôt un souvenir de moi adolescente que je voudrais évoquer. J’avais 13 ans, et je dessinais des formes abstraites sur des grandes feuilles de dessin. Un jour, un ami de mon oncle, un peintre, est venu à la maison. Ma mère a insisté pour que je lui montre ma production, contre mon gré. Je me suis entendue dénigrer mes dessins, alors que lui, au contraire, était plutôt bienveillant. Après, j’ai arrêté de dessiner. Je réalise aujourd’hui que ma réaction de rejet des mes propres dessins était liée au fait que je n’avais pas envie qu’on voit ce que je ‘créais’. Je ne voulais pas être jugée, évaluée. J’avais juste envie d’être libre, dans le faire, la joie, le plaisir des couleurs, des formes, des sensations, de l’expression… Finalement, je me rends compte que j’étais un peu dans l’esprit de l’Atelier de Charenton !
Isabelle Fontaine est également à la tête du site www.histoiredintuition.com que je vous conseille de visiter. Je vous recommande aussi un de ses articles sur l’enfant et l’intuition, à lire en suivant ce lien, http://histoiredintuition.com/2014/03/14/lintuition-expliquee-a-mon-fils/