Devenir une animatrice du Geste de peindre où nul don n’est nécessaire pour créer… Juste oser. Patricia

Patricia a 66 ans, elle a trois enfants et sept petits enfants. Patricia a un triple cursus à l’Atelier de Charenton :

1. La formation Animer un atelier à Charenton
2. Les cours de peinture à l’Atelier de Charenton
3. La formation de supervision que je propose à distance depuis le confinement

Patricia a bien voulu répondre à mon interview, nous dévoiler son parcours hors normes et sa reconversion en animatrice d’atelier de peinture.

Bonjour Patricia, comment êtes-vous arrivée au Geste de peindre ?

J’ai travaillé jusqu’à ma retraite dans l’industrie électro/mécanique en tant que responsable projet. J’ai toujours aimé la peinture depuis petite et suite à un besoin de lâcher prise en 2009, j’ai fait six mois d’art-thérapie en peinture et terre. Cela m’a ouvert à la création spontanée sous différentes formes en utilisant tous les matériaux que je pouvais trouver. J’osais enfin ne plus me juger, je me suis mise à peindre et à modeler, spontanément sans chercher à acquérir beaucoup de connaissances.

J’ai ainsi monté au fil du temps un atelier à mon domicile, espace ouvert à mes petits enfants ainsi qu’avec des enfants de mon entourage. J’installais des feuilles aux murs et nous utilisions de l’acrylique que je disposais sur une palette suivant leurs choix de couleurs. Les enfants aimaient beaucoup et on pouvait aussi faire de la terre, sans thème et sans modèle.

Il y a quatre ans, toujours en recherche d’autres chemins et suivant mon intuition, je suis arrivée à l’Atelier Charenton pour une journée découverte afin de réfléchir à un projet d’atelier ouvert au public. Puis je me suis orientée vers la formation d’animation d’ateliers du geste à peindre, mais avec mon travail cela me semblait difficile de m’impliquer dans cette formation.

Quand je suis arrivée en retraite, j’ai eu envie de concrétiser mon rêve. J’ai alors commencé par animer des ateliers artistiques spontanés pour adultes (utilisation de toiles, d’acrylique, matériaux forêt, papier…) pour l’association de Gif-sur-Yvette, ma ville. Le concept existe depuis 4 ans et chacun(e) est étonné(e) de voir sa propre créativité en si peu de temps.

Souhaitant lancer vraiment mon activité et acquérir plus d’expérience avec les enfants, je me suis inscrite en juillet 2020 à la formation pour animer un atelier Geste de peindre, où nul don n’est nécessaire pour créer… juste oser….

– Que retenez-vous de votre formation ?

Je retiens la découverte des tracés d’enfant, la preuve de leur universalité. Mon regard sur les dessins a profondément changé puisque je ne les juge plus, tout simplement.

Je connais maintenant :
– Les rouages de la créativité.
– La liberté de peindre debout.
– L’ambiance de l’atelier (j’ai eu l’impression d’une grande liberté, un peu comme les fonds sous-marin, un monde de silence, en apnée pour créer.)
– Comment accompagner les enfants par la parole, le geste.
– Les matériaux utilisés. Même pour commencer, la qualité du matériel est importante (une de mes élèves adulte m’a dit l’autre jour : “Ils sont super ces pinceaux”). Et pour un enfant aussi, la qualité du matériel aide à rencontrer sa créativité.

Quels sont les plus des formations ?

– Peindre avec les enfants ou les observer ou les accompagner.
– Un bon mixte de la formation pour être confronté à nos futurs ateliers.
– En tout petits groupes pour des échanges et les moments conviviaux.
– Des informations et explications du geste à peindre tout au long de la formation.
– Des méthodes et des mots prononcés avec justesse durant les ateliers et qui résonnent avec les explications dans la partie “ théorique ”.
– Mon cahier de formation : un support riche qui me donne des réponses devant certaines difficultés rencontrées dans mes séances.
Exemple : un enfant me dit « J’aimerais remplir mon tableau avec une brosse » et je n’ai pas su répondre vraiment. Je me réfère à mon cahier de formation où je lis « La brosse, c’est pour faire vite. Le pinceau c’est plus lent et adapté à l’expression recherchée dans les ateliers », merci Sandrine !

Comment avez-vous financé votre formation ?

J’ai eu l’occasion de partir un an plus tôt en retraite et donc de négocier mon départ. Mon patron n’était pas prêt à accorder plus que le minimum obligatoire calculé d’après mes années d’ancienneté mais ayant dans l’esprit de réaliser la formation, j’ai réussi à obtenir ce plus dans mes indemnités de départ. Voilà, j’ai eu de quoi financer ma formation au moment opportun.

– Vous avez commencé votre atelier à la maison. Comment faites-vous ?

En sortant de ma formation, le projet de me lancer dans un atelier à domicile se façonnait de plus en plus dans ma tête. En discutant avec ma belle-fille, très intéressée par le concept, on a convenu de mettre en place un petit atelier dans son sous-sol et que je lui fournirai une Table à couleurs (sorte d’établi en bois où sont disposés les coupelles de peinture). Je me suis vite rendue compte que les dix-huit couleurs étaient bien choisies et toutes importantes pour la création. J’ai donc fabriqué la Table à couleur sur le modèle de l’Atelier de Charenton et j’ai acheté quelques pinceaux petit-gris (fabrication geste à peindre). Comme l’investissement est important, j’ai complété un peu plus tard le kit de pinceaux.

L’atelier de ma belle-fille, de deux mètres par deux mètres, a été créé avec trois pans de murs accessibles aux “artistes”. Après une courte formation de ma belle-fille, l’espace a été investi avec bonheur par les enfants. Ils sont libres d’aller peindre quand ils le souhaitent et même la petite de deux ans a bien compris comment utiliser le coussin pour peindre dans le bas de son tableau !

A mon tour d’aménager mon espace. Je peux disposer d’un seul mur dans mon atelier car je vais continuer à y créer mes toiles et des murs sont occupés par mon matériel d’art. Le mur recouvert de papier kraft peut maintenant accueillir “le geste à peindre” pour trois enfants. En moins de six mois, j’ai construit deux espaces, entièrement du fait-maison.

– Comment avez-vous eu vos premiers inscrits ?

Une fois formée à l’animation d’un atelier et équipée du matériel, j’ai mis quelques annonces sur Facebook, photos à l’appui et j’ai proposé des séances découvertes du geste à peindre le samedi. J’ai pu diffuser ensuite les tableaux de mes premiers inscrits, m’amenant d’autres inscrits. Certains sont juste passés, certains sont restés, certains ont renoncés car l’absence de structure juridique officielle n’a pas joué en ma faveur. J’ai aussi mis une affiche sur le portail de la maison et des publicités au supermarché du coin.

– Quelles sont les demandes de ceux qui vous contactent ?

Le concept plaît et les parents souhaitent faire découvrir à leurs enfants, ou carrément, ils veulent essayer. Du coup si l’enfant est demandeur, ils reviennent. Un des enfants a des problèmes de communication et la maman trouve bien que son fils ait un espace à lui sans médecin, psychologues.. sans contraintes, sans imposition. C’est l’enfant qui apprécie le plus l’atelier.

Mon espace étant à domicile, certains parents veulent rester durant la séance et ce qui complique car bien souvent ils interviennent et mon espace est très petit. L’enfant est alors trop dans la communication avec le parent et dans le regard que le parent porte à son tableau. Nous ne sommes plus dans une séance geste à peindre, sans jugement… Un point que je dois gérer différemment. C’est pourquoi j’ai entrepris une formation à distance avec Sandrine, pour m’améliorer notamment sur ce point.

– Vous peignez depuis plus de six mois à l’Atelier de Charenton. Qu’avez-vous découvert ?

Je trouve très intéressant d’être confrontée à la feuille blanche. J’aurais pu le faire seule chez moi avec la Table à couleurs et mon mur mais ce qui est enrichissant, c’est d’être avec d’autres et notamment les enfants qui créent avec tant de spontanéité… C’est formateur d’observer et aussi de partager leur énergie, et même de partager le silence.

C’est passionnant de voir les enfants créer tout avec tant de simplicité que je n’ai pas. Ayant commencé à faire des croquis de carnet de voyage, j’ai progressé en lâcher prise. Je suis moins timide pour certains tableaux et j’ai une meilleure connexion au graphisme et un plus grand plaisir à peindre, comme une semi-libération.

J’ai choisi aussi de peindre à l’atelier de Charenton pour continuer à apprendre pour mes futurs ateliers, voir le comportement des enfants, écouter les messages de Sandrine… Quand elle me montre comment bien tenir le pinceau, c’est impératif pour pouvoir être à mon tour une animatrice bien consciente. Et j’avoue que retrouver les enfants est un vrai plaisir. Cela m’a montré aussi l’importance de la taille et la forme de l’espace pour accueillir le public, la richesse du groupe et de pouvoir être mélangés en âges.

Enfin, la Table à couleurs a été une découverte : le choix de teintes à notre disposition, les pinceaux qui ne sont pas à nettoyer. Tout est propice à la création spontanée sur sa feuille de papier.

– Quels sont vos projets ?

  • Avoir une structure juridique légale pour accentuer la publicité.
  • Participer à la fête des artistes de ma ville pour faire connaitre mes ateliers.
  • Trouver un local plus grand qui a pignon sur rue
  • Permettre aux personnes de retrouver leur spontanéité d’enfant.
  • Me former en continu pour progresser et prendre confiance dans ma pratique.

– Patricia, où trouver vos activités ?
Sur ma page facebook : https://www.facebook.com/coupdepouceartistique

Je vous remercie Patricia d’avoir bien voulu partager votre parcours avec mes lectrices et lecteurs. Avez-vous trouvé le parcours de Patricia inspirant ? Allez-vous plus oser… ? Avez-vous des questions ?