Carl Honoré auteur de Manifeste pour une enfance heureuse et du best seller Éloge de la lenteur est le parrain de L’Atelier de Charenton. Il est journaliste canadien, écrivain, chroniqueur et ambassadeur du mouvement Slow !

Vous dites que, la philosophie de l’atelier et la vôtre sont en pleine harmonie. Quels sont nos points communs ?

Nous croyons tous les deux que nous pouvons donner de la liberté aux enfants, en les autorisant à explorer le monde à leur manière, à jouer sans attente ou but particulier, à créer dans la joie et la spontanéité. Concernant la peinture, il s’agit de donner à l’enfant du temps et un espace pour qu’il trouve son chemin, que sa propre magie puisse opérer. Et il en est ainsi pour chaque composante de l’enfance.

Dans votre livre, vous citez la phrase de votre fils de 7 ans : «  Je ne veux pas d’un prof qui me dira quoi faire, je veux juste dessiner ». Faire un dessin tout simplement est t – il devenu un enjeu dans notre société actuelle ?

Chaque part de l’enfance a été infectée par notre impatience, notre obsession de la compétition et notre tendance à gérer la vie de l’enfant dans ses moindres détails. Mais cette approche ne fonctionne pas. Un enfant n’est pas un projet, une marchandise, un trophée ou un morceau d’argile que l’on peut transformer en œuvre d’art. Un enfant est une personne qui s’épanouira si on lui permet d’être le héros de sa vie.

Les parents qui conduisent leur enfant à l’atelier cherchent un lieu hors de «  la course à la performance ». Il y aussi des parents qui sont en demande de productivité. Pouvez – vous expliquer pourquoi l’enfant a besoin de se retirer des pressions.

Les enfants élevés sous pression se révèlent souvent moins créatifs. Leur souci est de faire plaisir aux adultes et de « faire ce qu’il faut », tant et si bien qu’ils n’apprennent jamais à prendre des risques et à faire des erreurs. Ils n’apprennent pas à penser pour eux-mêmes. Et ils n’apprennent pas à regarder en eux qui ils sont car ils sont tellement occupés à essayer d’être tels que nous voulons qu’ils soient (tels que nous le voulons). Ils souffrent également de plus de stress.

Les enfants dont la vie a été gérée, organisée, supervisée, planifiée dans les moindres détails par des adultes auront par la suite des difficultés à  tenir  sur leurs deux jambes. En d’autres termes ils ne grandissent jamais. C’est pour cela que les étudiants souffrent de problèmes psychiques dans des proportions jamais atteintes jusqu’à présent (un nombre record d’étudiants…). De nos jours, au beau milieu d’un entretien, des professeurs s’entendent dire  par des jeunes de 19 ans qui leur passent leur téléphone portable : « Pourquoi ne voyez-vous pas ça avec ma mère ? ». On voit même des parents assister aux entretiens d’embauche pour participer aux négociations sur les salaires et les congés !

Trop de pression tue aussi la joie toute simple d’être un enfant – ce que William Blake appelait : voir un monde dans un grain de sable…tenir l’infini dans le creux de la main. Nous avons fait de l’enfance une course et lui avons enlevé beaucoup de sa part de magie. Et lorsque l’enfance cesse d’être magique, être parent perd aussi de sa magie.

Carl Honoré, si vous habitiez à Paris, quelles seraient vos motivations pour inscrire vos enfants à L’Atelier de Charenton?

Trouver un lieu où ils puissent jouer, apprendre, créer et rêver. Un lieu où ils puissent être des enfants.

L'Atelier de CharentonPour en savoir plus sur Carl Honoré, vous pouvez allez sur www.carlhonore.com